ou le petit château japonais illustré
A bien y regarder nous ne vous avons pas encore vraiment parlé des châteaux japonais. Il est donc grand temps de faire les présentations.
6 siècles d’évolutions architecturales
Les premiers châteaux datent environ du XIe siècle, mais la plupart de ceux que l’on peux voir aujourd’hui remontent aux XVIe et XVIIe siècles.
L’âge des provinces en guerre, “sengaku”, qui couvre les XVe et XVIe siècle est marquée par une importante vague de constructions. Cette période verra une forte évolution architecturale des châteaux, qui de simple forteresse deviennent peu à peu de véritables places forte siège du pouvoir.
Avec l’unification du pays et son entrée dans l’ère Edo, XVIIe siècle, l’art de la construction des châteaux atteint son apogée, et c’est alors de véritables palais qui voient le jour. Une période considérée aujourd’hui comme l’âge d’or des châteaux japonais.
Daimyo, samouraîs et compagnie
Comme tout ouvrage militaire, les châteaux étaient essentiellement occupés par des soldats. Ces hommes d’armes, dont la plupart étaient des samouraïs, servaient le maître des lieux, le Daimyo, le seigneur local.
Cependant, puisqu’il s’agissait aussi de l’habitation de ce dernier, on pouvait y croiser sa famille et l’ensemble des serviteurs utiles au bon fonctionnement du lieu.
Une population qui ne cessa de croître et de se diversifier, alors que les châteaux prenaient au fil du temps une importance toute aussi politique, qu’économique ou militaire.
Première esquisse
Comme l’attestèrent les premiers occidentaux à visiter le pays, l’architecture castrale japonaise est, puisque répondant finalement aux même besoins de défense, relativement similaire à ce qui ce faisait en Europe. On y retrouve donc douves, hori, murs d’enceinte, maru, tours de garde, yagura, et bien sûr donjon, tenshu. De solides fondations de pierres, une charpente de bois, des murs en plâtre ou torchis et enfin des toits à pignons aux tuiles vernissées voilà pour compléter cette première esquisse..
Mais avant d’aller plus avant dans les détails voici déjà de quoi briller lors de votre prochain dîner en ville avec non seulement des notions d’architecture, mais aussi de japonais !
La classification des châteaux suivant leur lieu de construction
yamajiro (山城), pour les châteaux de montagne.
hirajiro (平城), pour les châteaux de plaine.
hirayamajiro (平山城) pour les châteaux construit sur des collines.
Lorsque débutait la construction les plans étaient transposés au sol grâce à un vaste réseau de cordes symbolisant les différents édifices. Cette technique, nawabari, littéralement définition du territoire en japonais, permettait au Daimyo de visualiser la construction sur site. Et à l’époque il était communément admis qu’un bon nawabari était un bon présage pour la destiné du château !
Les travaux pouvaient ensuite commencer. La première étape consistait, généralement, à creuser les douves, la terre extraite servant à créer les remblais sur lesquels venaient se poser les bâtiments.
Revenons maintenant à nos châteaux.
Maru, yagura et tenshu
Et commençons par les fondations, ces immenses murs de pierre, incurvés, typique de l’architecture des châteaux japonais, les musha-gaeshi.
Elle étaient réalisée grâce à un savant empilement de pierres, sans utilisation de mortier, afin d’assurer une certaine souplesse à l’ensemble pour mieux résister aux tremblements de terre. Plusieurs techniques étaient utilisées, pierres brutes simples (ishigaki), avec calage (Uchikomihagi), ou pierres taillées (kirikomihagi).
Et pour ceux qui douteraient de l’efficacité de la méthode, il ne resta du château d’Hiroshima que ses fondations au lendemain du 6 août 1945 !
Des fondations que l’on retrouve à la fois pour les bâtiments et pour les murs d’enceinte. Accolées ou imbriquées les unes aux autres ces enceintes, dont la principale où se dresse le donjon porte le nom de honmaru, sont surmontées de murs en torchis percés de meurtrières aux formes variés, de tours et bien sûr percées de portes.
Revue de détails.
Les meurtrières rectangulaires semblent avoir eu la préférence des archers, celles triangulaires ou ronde revenant aux arquebusiers.
Les tours, yagura, servaient non seulement de poste de défense mais aussi de lieu de stockage. Leur nom d’ailleurs reflète généralement leur usage, et il est courant de trouver dans les châteaux une taiko yagura, tour du tambour. L’instrument servait en effet à marquer le passage du temps et bien sûr à prévenir en cas d’attaque.
Les portes, Mon en japonais, point de passage obligé, faisaient l’objet d’un soin tout particulier pour leur défense. La porte principale du château, otemon, étaient souvent surmonté d’une tour, ou donnaient sur un petit espace fermé avec une seconde porte à angle droit, un système de défense portant le nom de masugata.
Le donjon, tenshu, qui se dressait dans la dernière enceinte, ultime point de défense disposait en plus de ses fenêtres défensives, musha mado, littéralement fenêtre des guerriers, de petites trappes, ishiotoshi, sur des avancées de bois permettant de jeter rochers ou huile bouillante sur les assaillants.
Les tenshu disposaient aussi d’une autre défense, plus ésotérique celle-là, les shachihoko. Ces statues représentant des démons folkloriques, une tête de dragon sur un corps de carpe, étaient censées protéger le bâtiment en attirant la pluie en cas d’incendie.
Pour finir un petit mot sur les villes qui se développèrent autour des châteaux. Elles grandirent en suivant un plan où un quartier des samouraïs, un quartier des marchands et un quartier des artisans, s’étendaient en cercles concentriques depuis la demeure seigneuriale.