S’il y a bien une chose qui semble invariable quelque soit la culture c’est cette étrange relation qui existe entre châteaux et fantômes !
Prenons donc la direction du château d’Himeji, cadre d’une des plus célèbre histoire de fantôme de la culture populaire japonaise.
Il était une fois une jeune et jolie servante portant le nom d’Okiku. Elle était au service d’une puissant samouraï demeurant au château d’Himeji, Tessan Aoyama. La femme de ce dernier avait fait l’acquisition de 10 assiettes d’or, et avait confié à Okiku la mission d’en prendre soin.
Or la beauté de la jeune femme n’avait pas laissé de marbre le seigneur Aoyama. Mais lorsqu’il s’ouvrit à Okiku de son désir d’en faire sa maitresse, celle-ci refusa. Et même la promesse du samouraï de quitter sa femme n’y fit rien.
Une conduite honorable qui pourtant allait la mener à sa perte.
Furieux du refus, Aoyama, qui n’avait pas l’habitude qu’on lui résiste, décida d’user d’un nouveau stratagème pour arriver à ses fins. Après tout lui qui prévoyait déjà d’assassiner le seigneur régnant sur Himeji, n’était pas à une trahison près. Il subtilisa donc une des assiettes d’or, la cacha et attendit.
Okiku ne tarda pas à réaliser la disparition et à se mettre en quête de l’assiette manquante. Mais ses recherches restaient vaines.
Le seigneur observa un temps le manège, puis il pria Okiku de le rejoindre. Là il lui laissa le choix. Ou bien elle acceptait de devenir sa maitresse, ou bien il devrait la punir pour l’assiette manquante. Et la punition serait exemplaire. La mort.
Okiku ne pouvant se résoudre à céder aux avances, préféra se donner la mort en se jetant dans un des puits du château.
Le samouraï ne révéla rien des raisons qui avait conduit au suicide de sa servante et continua à comploter contre le maître du Château.
Pourtant dès la nuit suivant la mort de la jeune femme, son fantôme sortit du puits. La forme éthérée, aux longs cheveux noirs et portant une robe blanche retourna compter les assiettes d’or. Et lorsqu’ elle arrivait à 9, l’apparition laissa entendre une longue et lugubre plainte. Aoyama comprit vite qu’il pourrait apaiser le fantôme en remettant en place l’assiette manquante, mais sa fierté et la certitude qu’il serait le plus fort le retint.
Et nuit après nuit Okiku revenait et comptait.
Aoyama finit par perdre l’esprit et fut chassé du château d’Himeji.
E si le spectre d’Okiku n’avait pas retrouvé l’assiette, au moins avait-il sauvé la vie du maître des lieux.
Il existe de nombreuses variantes de l’histoire, certaines plus romantiques où le Samouraï finit par se faire seppuku en preuve d’amour pour la rejoindre dans l’au-delà.
Toujours est-il que de nos jours encore, il semble que certaine nuit du côté d’Himeji, on puisse entendre le son lointain d’une voix égrainant une triste litanie.
« Itchi, ni, san, yon, go, roku, nana, hachi, ku … »