Ah respirer un air frais au milieu de la nature…en pleine ville.
Se trouver un havre de paix pour méditer ou bien tout simplement prendre son déjeuner en toute tranquillité.
Bienvenue à toutes et à tous, je vous présente les jardins !
Visiter un jardin au Japon, c’est faire une parenthèse bucolique dans son quotidien ou dans son voyage. Mais je vais m’attarder sur un type de jardins, ceux où l’on peut se promener autour d’un étang et découvrir, ou plutôt s’imaginer, de nombreux paysages avec les tableaux végétaux qui nous sont offerts.
Mais commençons quand même par découvrir les types de jardins que l’on peut visiter sur l’archipel.
Bonne question et réponse plutôt simple. Les jardins sont soit dans les temples, soit disposent de leur propre emplacement. Les jardins seront toujours indiqués au Japon. Au nom de jardin sont souvent associés les mots japonais : Koen ou Teien. Mais alors quelle différence ? Tout simple Koen est plus lié à un parc pour le plaisir alors que Teien est lié à l’esthétique.
Temples avec jardin
Les temples accueillent souvent plusieurs types de jardins, rendant leur visite encore plus zen…et cela tombe bien puisqu’un type de jardin est lié à cette philosophie : Karesansui. Ce sont les célèbres jardins secs. L’élément de base est la pierre, le rocher et on en trouve des splendides… mais c’est toujours mieux en vidéo.
La cérémonie du thé
Après cette courte pause de zénitude, partons à la découverte du deuxième type de jardin, les chaniwa. Ce sont les jardins associés aux maisons où l’on pratique la cérémonie du thé. On les trouve en général dans d’autres types de jardins. Leur particularité : Il y a un jardin d’extérieur et un jardin d’intérieur. On y trouve plein de spécificités comme une lanterne, appelée Ishidoro ou encore un Tsubukai, un petit bassin permettant de se purifier avant la cérémonie. Je vous les mets en photo.
Les petits jardins
Il existe aussi des petits jardins qu’on appelle tsubo-niwa. On peut en trouver dans les endroits religieux, mais aussi dans des résidences. Tsubo est une unité de mesure qui fait 2 tatami, soit 3,3 m2, d’où la petite taille de ces jardins. Mais rassurez-vous certains sont un peu plus grands. Les tsubo-niwa sont en fait des jardins mélangeant les autres types, mais en gardant un aspect important dans l’architecture japonaise. En effet, ces petits bouts de nature apportent déjà une belle esthétique à une maison, mais seraient aussi dédiés à la circulation du ki, l’énergie vitale, au travers de l’habitation.
Les jardins de promenade
Mais passons maintenant au jardin qui donne raison à l’écriture de cet article : les jardins de promenade !
Ce sont mes préférés. Oui j’aime mieux marcher plutôt que m’asseoir et admirer un jardin sec. Partir à la découverte d’un jardin est passionnant. Savoir ce qu’il représente, se perdre dans la nature, se reposer… Et en plus ce sont toujours de très beaux spots pour faire de la photo. Mais prenez le temps de regarder et d’admirer.
Deviner quoi ? On peut trouver 3 types de jardins de promenade. Mais ils partagent tous une pièce d’eau, une nature travaillée au ciseau, une faune qui remue avec les carpes Koïs et offrent toujours une belle visite.
Voici la différence entre les 3 :
Kaiyu-Shiki Teien
Sans doute le plus commun. Il s’agit d’un jardin avec un étang en son milieu et un chemin de promenade autour.
Chisen Kaiyu-Shiki Teien
Très proche du premier, mais l’étang est alimenté par une eau de source.
Tsukiyama Chisen-Teien
Toujours un étang, mais il existe aussi des collines artificielles, les tsukiyama, autour de ce dernier
Comme vous pouvez le constater, c’est plutôt une classification de spécialiste. Nous ce qui nous plait c’est que ce sont des Teien.
On peut trouver ces jardins de promenade dans des temples, mais surtout dans des endroits qui leur sont dédiés. Mes préférés sont d’ailleurs tous en dehors de temples mêmes si parfois un sanctuaire peut se cacher dans l’enceinte même du jardin.
Je vais commencer par mon top 5 et vous pouvez déjà regarder la vidéo
Alors pas mal, non !
Dans l’ordre, vous avez pu donc voir :
Le Jardin Shukkei-en à Hiroshima
Pas très loin de la gare, ce jardin est une véritable petite pépite qui se cache à Hiroshima. Créé en 1620, il fut détruit en 1945 pour être entièrement rénové et a réouvert au public en 1951. C’est un jardin composé de paysages venant notamment de Chine. En son milieu, le pont Koko-kyo, le pont arc en ciel, où l’on peut s’arrêter un instant pour regarder les nombreuses carpes koïs de l’étang.
Un jardin à visiter comme on va manger une okonomiyaki à Hiroshima.
Le deuxième jardin se trouve à Tokyo. C’est le Jardin Kiyosumi
Déjà le quartier est sympa et le jardin est une petite perle nichée entre les immeubles. Beaucoup de jardins de promenade ont été créés durant l’ère Edo, notamment au 17e siècle. La plupart ont eu d’importantes rénovations par la suite. Ce fut le cas pour celui-ci en 1880, mais il resta fermé au public. Ce n’est qu’en 1934 que le public put admirer la beauté scénographique de ce jardin. D’ailleurs, Tokyo l’a proclamé comme site exceptionnel en 1970.
Quelques mots japonais : Sensui, la vue des 3 îles au milieu de l’étang, l’étang était rempli par la sumida, le fleuve qui coule à Tokyo. Mais la dérivation fut fermée et c’est maintenant une eau naturelle qui remplit l’étang. Mais un des aspects sympathiques de ce jardin sont ses chemins de pierre, iso-watari, qui permettent d’aller au plus près de l’étang pour admirer les carpes koïs ou les nombreuses tortues. N’entreprenez pas de faire une marelle sur le chemin vous risqueriez de voir les poissons ou les tortues de très près.
Au milieu du jardin, ne coule pas une rivière, mais se trouve un Ryotei. À la base c’est un restaurant luxueux japonais, mais il a été transformé en un salon de thé.
Mais ce que j’adore le plus dans ce jardin, et de façon générale dans tous les jardins de promenade, c’est le façonnement des collines artificielles. Mais que peut bien représenter cette colline ? À cette question, une réponse simple, le Mont Fuji…et c’est souvent le cas, mais pas tout le temps. La réalisation de ces paysages s’appelle tsukiyama.
Un jardin à Tokyo pour voir une représentation du Mont Fuji
En numéro 3, un jardin qui a du coeur
Changeons d’ile et passons sur celle de Shikoku. On y trouve un des plus grands jardins de promenade du Japon. Ainsi la ville de Takamatsu possède le jardin Ritsurin un jardin magnifique. Construit en 1625, durant la période Edo, ce jardin possède 16 hectares qui peuvent être visités. Mais sinon il est encore plus grand et s’étend sur plus de 75 hectares !
Quelques chiffres pour vous montrer l’étendue de ce jardin : 32 400 arbres, 6 ponts, 13 collines artificielles (vous savez les fameux tsukiyama) et l’étang représentent 20% de la superficie du jardin.
Mais bon ce n’est pas avec des chiffres qu’on fait un beau jardin…mais là c’est le cas. Les différents paysages défilent sous vos yeux et vous ne pouvez qu’être émerveillé. Alors quand la nuit tombe et que le jardin s’illumine, là vous êtes transportés ailleurs, dans un monde différent.
Un jardin où il fait bon de se perdre et trouver un arbre en forme de cœur
La nuit les jardins prennent une autre dimension, le jardin Shirotori à Nagoya vous le prouve.
Nombreux sont ceux qui ne passent pas à Nagoya et pourtant cette ville recèle des trésors. Bon tant mieux, car il y a moins de monde. Mais la découverte de ce jardin fut une vraie satisfaction. J’y suis d’ailleurs allé deux fois en 2 jours… Oui de jour et de nuit !
Pas d’ère Edo pour ce dernier, mais deux ères. Le parc actuel repose sur la rénovation d’un ancien parc qui a débuté en 1983, donc durant l’ère Showa. Il fut exposé par la suite en 1989, mais ce n’est qu’en 1991 qu’il fut ouvert régulièrement au public, donc durant l’ère Heisei.
Le jardin vous propose une balade au grès de plusieurs reconstitutions de paysages de la région du Chubu. Entre le mont Ontake, la rivière Kiso et les gorges de Nezame-no-toko, votre voyage est juste parfait.
Le parc possède aussi une maison pour la cérémonie du thé, seiu-tei, qui vous fera découvrir le jardin extérieur comme celui de l’intérieur comme dans les livres : la lanterne, shidoro, le bassin, tsukubai…
Au Japon, même les protections contre la neige embellissent le jardin. Les Yuki-tsuri habillent les nombreux pins avec un habit transparent leur donnant une élégance incroyable.
Après avoir arpenté les 3,7 hectares de ce jardin, vous devriez être apaisé. C’est un jardin idéal pour découvrir toute la subtilité de ces jardins au Japon. J’en ai d’ailleurs fait un challenge de trouver 10 éléments classiques des jardins, je vous laisse découvrir la vidéo.
Un jardin qui vous fera aimer les jardins japonais .. et la ville de Nagoya
Le plus beau des jardins de promenade, pour moi, est le jardin Suizenji à Kumamoto
Et ce n’est pas parce que la mascotte Kumamon vous y accueille ! Construit au 17e siècle et proclamé comme site panoramique national en 1929, le Suizenji est un plaisir pour les yeux. L’étang se pavane de sa grande superficie, 10 000 m2. Mais il possède une particularité : l’eau est toujours à la même température, car régulée par une eau de source. Elle est de 18 °C.
Mais le plus beau vous attend. Le Suizenji reproduit une partie de la route de Tokaido. Route principale reliant Kyoto à Edo, Tokyo aujourd’hui, elle reprend en partie les 53 stations…et bien sûr que peut-on voir au loin… mais ne serait-ce pas Fuji-San ! Là le visiteur est obligé de s’arrêter et d’admirer cette colline tout de vert. Quelle étrange impression d’être hypnotisé par cette masse de terre, mais c’est tellement bien mis en valeur dans le décor.
Un jardin, non, une immense fresque naturelle.
Voilà, mon top 5 est fait, faites vos jeux devrais-je dire.
Certains experts en jardin japonais pourraient me dire : mais il n’y a aucun Nihon Sanmei-en dans votre liste ! Qu’est-ce que cela veut dire !
Eh oui, je n’ai retenu aucun des 3 plus célèbres jardins japonais. Pourtant j’en ai visité deux, à plusieurs reprises. Mais, même s’ils sont magnifiques, j’ai eu des coups de cœur pour les 5 décrits plus haut.
Les deux jardins que j’ai pu visiter sont
Le jardin Kenroku-en à Kanazawa.
Très connu, notamment pour la célèbre photo de sa lanterne, ce jardin est appelé le « jardin aux six aspects », en référence aux 6 éléments clés d’un jardin parfait : l’espace, le paysage offert, la sérénité du lieu, sa vénération, l’eau et le travail humain. Ce jardin date de 1620 et la disposition actuelle de 1840. On y retrouve les protections Yuki-tsuri pour les pins et de merveilleux arbres. Dans mon classement il serait certainement dans le top 10.
Le deuxième jardin que j’ai pu visiter est le Koraku-en à Okayama
Construit en 1700, sa forme actuelle date de 1863. Il possède une flore très vaste et on peut apercevoir le magnifique château d’Okayama en arrière-plan. Lui aussi est une beauté scénique depuis 1952. Il est grand avec ses 13 hectares et possède un étang central avec 3 iles représentant le lac Biwa. Lors de l’automne, les couleurs rouges prédominent. C’est un très joli jardin, sans doute, le meilleur outsider pour mes 5 favoris.
Le dernier des 3 jardins célèbres est le Kairaku-en à Mito, mais je ne l’ai jamais visité.
Mais il en existe d’autres, plus petits, mais tout aussi passionnants. Voici quelques-uns que j’ai adorés :
Il y en a déjà 2 à Tokyo : celui du Nezu museum. Adossé au musée construit par un certain Kengo Kuma, ce jardin est un ilot de verdure en plein cœur de la capitale nippone. Plusieurs maisons de thé, un petit sanctuaire tout mignon.
Le deuxième est le Koishikawa Korakuen. C’est le plus ancien jardin de Tokyo. Il est splendide avec son pont rouge, mais le plus simple est que vous regardiez ma vidéo :
Je vous partage aussi un autre jardin en vidéo : le Shikina-en à Nara.
Et un que j’ai découvert lors de mon voyage à l’automne 2019. Le Yokokan à Fukui
Mais revenons à un point que je n’ai pas encore abordé, les jardins de promenade qui sont dans les temples. Il y en a de très beaux. Je les ai volontairement écartés de mon top 5 privilégiant l’aspect esthétique du jardin même. Le plus connu est celui du Kinkakuji, le pavillon d’or. Même si l’on ne peut faire le tour complet, cela reste un des plus beaux jardins scéniques. Vient ensuite, toujours à Kyoto, celui du Tenryuji. Avec son jardin sec au-devant de la pièce d’eau, le cadre est sublime.
Voilà un tour d’horizon des jardins de promenade au Japon. Si vous en avez l’occasion, perdez-vous dans ces lieux où la nature saura vous émerveiller même si elle est travaillée par la main de l’Homme.
Enfin pour finir, il existe aussi d’autres types de jardins comme celui du jardin du Musée d’art Adachi . Il s’étend sur une surface de 15 000 m2 et est élu depuis 2003 comme le plus beau jardin japonais. Mais c’est un jardin qu’on ne peut visiter de ses pas, seul le regard y a droit. C’est donc au travers d’une vitre que vous pourrez admirer la splendide scénographie.
Moins connus, les jardins de la terre pure. Ils sont associés au bouddhisme et à la divinité Amida. On en trouve dans la région du Tohoku avec notamment le splendide Motsu-ji que j’ai pu visiter cet automne. Sinon le jardin du byodo-in situé dans la ville de Uji proche de Kyoto est lui aussi un jardin de la terre pure.
Ces Jardins paysagers sont de magnifiques « tableaux naturels » que chaque visiteur va voir à sa façon. C’est aussi le meilleur moyen de s’évader du monde urbain pour retrouver un havre de paix.