Il n’y a pas si longtemps, le pèlerinage des 88 temples de Shikoku a fêté ses 1200 ans, en 2014. Chiffre important puisque le nombre de kilomètres du parcours est quasiment de 1200 km (1130 km plus exactement). Autant vous dire qu’on ne le réalise pas en 1 semaine et qu’il faut plutôt compter au minimum 40 jours. Cependant, la modernité propose le déplacement en voiture et il est donc possible de faire le pèlerinage en minibus. Il est même possible de payer une personne pour ce pèlerinage afin qu’elle vous ramène votre carnet des différentes calligraphies de chaque temple, preuves d’accomplissement du chemin. Vous connaissez peut-être le nom commun de ce carnet, Goshuincho, celui du pèlerinage de Shikoku s’appelle Nokyo-cho.
Le pèlerinage est nommé Ohenro en japonais et les pèlerins les Henro. Le pèlerinage est dédié à Kobo Daishi (nom posthume), ou Kukai, qui est le saint fondateur de l’école bouddhiste Shingon. Mais ce pèlerinage peut être réalisé par tout le monde, quelle que soit sa croyance.
C’est un des rares pèlerinages sous forme circulaire. Même s’il y a un numéro pour chaque temple, on peut effectuer les visites dans n’importe quel ordre. Il est même dit que faire le pèlerinage dans le sens inverse apporte plus de réussite dans sa quête spirituelle ! Et oui, n’oublions pas que le but de ce pèlerinage est laissé libre au pèlerin. Il y va pour son propre but et au-delà de la spiritualité, vivre une aventure humaine.
Le pèlerinage traverse les 4 préfectures de l’île de Shikoku et les pèlerins peuvent compter sur l’hospitalité des habitants. En effet, il existe l’ossetai qui représente des dons de nourriture aux pèlerins donnés par les habitants. Cela peut aller même jusqu’à offrir l’hospitalité et donner un peu d‘argent pour acheter de quoi manger.
Les pèlerins sont facilement reconnaissables avec leurs tenues blanches, symbole d’égalité pour rencontrer Bouddha. Ils ont un chapeau conique en bambou appelé suge-kasa, une veste blanche, byakue, un bâton de marcheur, kongozue… Difficile de rater un pèlerin à Shikoku.
C’est un pèlerinage que l’on peut effectuer seul, mais pas réellement, car le pèlerin aura écrit sur sa veste et son chapeau la devise “dōgyō ninon”, voyager ensemble. Le fondateur Kobo Daishi sera ainsi par la pensée toujours avec le pèlerin.
Voici pour la petite présentation du pèlerinage des 88 temples de Shikoku. Vous trouverez beaucoup d’informations sur internet.
Tout cela pour mieux comprendre la visite du temple n°55, le Nanko-bo. C’est le seul temple que j’ai visité sur la longue route du pèlerinage. Il est situé dans la ville de Imabari. Ce temple n’était pas la raison première de ma visite de la ville, c’était surtout le château, l’un des trois existant au Japon dont les douves sont remplies avec de l’eau de mer. Mais le hasard des voyages a fait que j’étais accompagné par Fred Hannya, un vidéaste du collectif « Vu du Japon » auquel j’appartiens aussi. Et dans notre divagation du jour, après avoir échappé à un petit séisme, nous sommes tombés sur ce temple. Peut-être que Kobo Daishi nous a mis sur la voie…
Ce fut une bonne occasion de voir le rituel des pèlerins puisqu’un mini bus venait d’arriver. Ce fut assez rapide, je trouve. Sans doute avaient-ils d’autres temples à visiter. Mais revenons à ce temple, car il est un peu particulier.
Déjà, vous aurez remarqué que son nom comporte “BO” à la fin. Ce qui est très rare pour un temple et c’est d’ailleurs le seul sur la route de Shikoku. Mais alors qu’est-ce que cela veut-il signifier ? Pas toujours évident de trouver une réponse, mais grâce à google trad, j’ai pu trouver un site japonais expliquant ce BO. Il s’agit tout simplement d’une maison d’un moine qui a été transformée en temple.
Le temple Nanko-bo est très intéressant sur plusieurs points :
- La porte d’entrée, la porte de la Montagne, est vraiment très belle et elle est gardée par les 4 rois Célestes. Ces statues en bois où quelques parures d’or illuminent les personnages dégagent une puissance certaine.
- Le temple Nanko-bo était rattaché à un sanctuaire juste avant l’ère Meiji. Mais la politique de séparation du shintoïsme et du bouddhisme a donné sa liberté, ou du moins son autonomie, au temple. Le sanctuaire existe toujours et est juste à côté. Lorsque ce lieu ne faisait qu’un, le temple permettait de gérer les aspects financiers du sanctuaire. Le sanctuaire est Oyama Gion. Le Dieu vénéré est celui qui protège les voyages en mer. Vous trouverez ainsi dans l’aire du temple, un bâtiment appelé Kinbira-do qui a un lien avec le grand sanctuaire de Kotohira situé sur la même île. Le sanctuaire Kotohira-gu étant le sanctuaire principal du Kami de la navigation maritime, Ō-mono-nushi-no-mikoto.
- Il est nommé le temple des lumières du Sud et il date du début du VIIIe siècle. Le Hall principal a été reconstruit en 1981 et la porte en 1991.
- Le bâtiment Daishido a survécu aux bombardements de la IIe Guerre mondiale et l’histoire raconte que de nombreuses vies ont été sauvées ainsi.
- Le temple possède une statue du fondateur, Kobo Daishi.
Ce fut une belle visite et je vous invite à la découvrir en vidéo